La radiation d’une entreprise marque un tournant juridique majeur : elle signifie la disparition officielle de la société du paysage économique et administratif. Pourtant, la question de savoir si une entreprise radiée peut poursuivre son activité demeure fréquente, tant elle soulève des enjeux complexes entre obligations légales, conséquences financières et possibilités de redémarrage. En 2025, la compréhension claire des implications de cette procédure, ainsi que des droits et risques qu’elle engendre pour les dirigeants et partenaires, est essentielle.
La radiation constitue le constat officiel que l’entreprise n’existe plus en tant que personne morale. Cette suppression est enregistrée dans différents registres administratifs comme le RCS (Registre du Commerce et des Sociétés) ou le Registre National des Entreprises (RNE). Dès lors, la société perd sa personnalité juridique, ce qui engendre une interruption définitive de ses activités commerciales, sauf cas très exceptionnels. Toutefois, la radiation n’intervient pas toujours dans les mêmes conditions : elle peut résulter d’une démarche volontaire liée à une dissolution ou d’une décision administrative ou judiciaire.
Par ailleurs, les conséquences pratiques d’une radiation sont multiples : arrêt des contrats, obligations envers les créanciers, et surtout risques importants en cas d’exercice illégal après suppression. Ces aspects nécessitent une vigilance accrue de la part des dirigeants, qui doivent également s’informer sur les procédures de réactivation ou les alternatives légales telles que la création d’une nouvelle entité ou le recours au statut d’auto-entrepreneur. Le cadre juridique rigoureux souligne que poursuivre une activité après radiation expose à des sanctions et des poursuites susceptibles de fragiliser la situation personnelle du chef d’entreprise.

Qu’est-ce qu’une radiation d’entreprise et quelles conséquences pour exercer une activité ?
Définition légale de la radiation du Registre National des Entreprises
La radiation d’une entreprise correspond à la suppression définitive de son inscription au sein du Registre National des Entreprises (RNE) ou dans d’autres registres spécifiques tels que le RCS pour les sociétés commerciales, ou le RM (Répertoire des Métiers) pour les artisans. Cette inscription initiale est la preuve de l’existence légale et permet à l’entreprise d’exercer son activité avec une reconnaissance officielle, notamment via l’obtention d’un numéro unique d’immatriculation (SIREN/SIRET).
La radiation entraîne la disparition complète de cette immatriculation, ce qui signifie que la société disparaît du cadre administratif et juridique. Elle devient introuvable dans les bases officielles comme Infogreffe, qui publie les extraits Kbis attestant de la réalité juridique et commerciale d’une entreprise. Le greffe du tribunal de commerce est en charge de cette procédure et effectue les mises à jour nécessaires auprès des différentes institutions, notamment l’INPI ou la Direction Générale des Finances Publiques.
Suppression du numéro SIREN/SIRET attribué à l’entreprise
Effacement du Kbis et fin de la publication légale dans les annonces
Radiation inscrite officiellement au RNE, RCS ou RM selon le statut
Plus de droit d’exercer ou de contracter sous la forme radiée
Perte de la personnalité juridique : quel impact pour continuer à exercer ?
Une fois radiée, l’entreprise perd sa personnalité juridique et morale. Cette notion fondamentale en droit des sociétés signifie que l’entité n’a plus d’existence légale indépendante de ses associés ou dirigeants. Elle ne peut dès lors plus conclure de contrats, posséder d’actifs, ni être poursuivie ou engager une action en justice. Autrement dit, l’entreprise n’a plus la capacité juridique nécessaire pour exercer une quelconque activité commerciale.
Il en résulte une interdiction légale formelle, par exemple :
Impossibilité de facturer ou de percevoir des paiements au nom de l’entreprise
Annulation automatique des mandats en cours ou contrats commerciaux
Obligation de cesser toute activité professionnelle liée à l’entreprise radiée
Pour illustrer, une société qui poursuit son activité après radiation s’expose à des poursuites judiciaires, souvent initiées par des créanciers ou l’administration fiscale, qui peuvent entraîner des amendes, voire des sanctions pénales pour le dirigeant.
Causes et formes de radiation d’entreprise : ce qui empêche la poursuite d’activité
Différence entre radiation volontaire et radiation d’office d’une entreprise
Il existe deux principales formes de radiation :
Radiation volontaire : Elle est déclenchée par la volonté des associés ou dirigeants suite à une décision de dissolution suivie d’une liquidation amiable. Cette procédure volontaire implique le respect d’un ensemble de démarches légales afin de clore correctement les affaires courantes, apurer les dettes, et informer le greffe et les tiers.
Radiation d’office : Cette suppression est prononcée par le greffe ou l’administration, sans l’accord du dirigeant, en cas de non-respect des obligations légales ou par décision de justice. Les causes fréquentes sont notamment la cessation déclarée non suivie d’immatriculation, l’absence prolongée de déclaration d’activité, ou une liquidation judiciaire non clôturée. La radiation d’office est souvent une sanction administrative présidant à la disparition forcée de la société au regard de l’intérêt public.
En pratique, la radiation d’office signifie que l’entreprise est supprimée du registre sans préavis, ce qui interdit tout recours immédiat, hormis un délai de contestation limité.
Principales raisons de radiation : cessation, liquidation, manquements
Les motifs de radiation des entreprises recouvrent des situations diverses :
Cessation d’activité effective et définitive, qu’elle soit volontaire ou décidée par un tribunal
Dissolution suite à un accord amiable, décès du dirigeant sans succession ou volonté des associés
Liquidation judiciaire ordonnée en cas de faillite et des difficultés non résolues
Non-respect des obligations déclaratives, absence de déclaration de chiffre d’affaires notamment chez micro-entrepreneurs
Manquements sérieux entrainant une radiation d’office, à l’instar de l’absence de déclarations fiscales prolongées ou de la tenue défaillante des statuts
Cliquez ou appuyez sur une cause pour en savoir plus.
Procédure de radiation et suppression : quelles démarches empêchent de poursuivre une activité ?
Étapes de la radiation volontaire : de la décision à la publication
La procédure de radiation volontaire suit un cheminement précis. Elle commence par une délibération en assemblée générale ordinaire ou extraordinaire décidant de la dissolution anticipée de la société. Ensuite, la liquidation doit être menée pour solder les comptes :
Décision de dissolution et nomination d’un liquidateur
Réglage des dettes et encaissement des créances
Publication d’une annonce légale mentionnant la dissolution et la liquidation
Dépôt au greffe du dossier complet incluant les comptes de clôture, procès-verbaux et formulaires M4
Radiation de l’entreprise au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) ou autre registre selon le statut
La procédure s’appuie également sur la transmission des documents à l’INPI et à la Direction des Finances Publics via le guichet unique. La radiation n’est effective qu’à l’issue de ces étapes administratives.
Radiation d’office : comment et pourquoi une entreprise peut-être supprimée sans préavis ?
À l’inverse, la radiation d’office, ou radiation administrative, est prononcée sans intervention de l’entreprise. Le greffier peut lancer cette procédure dans les cas suivants :
Absence de déclaration d’activité pendant une période prolongée (souvent 24 mois pour les micro-entreprises)
Non-paiement des taxes ou défaillance dans le respect des obligations légales
Jugement de dissolution ou liquidation prononcé par un tribunal de commerce sans réalisation des formalités de radiation dans le délai réglementaire
Fausse déclaration ou fraude révélée dans le dossier d’immatriculation
Cette radiation d’office s’accompagne généralement de la suppression du SIREN/SIRET et signe la fin forcée de l’activité. La décision est notifiée mais ne laisse qu’un délai de recours très limité, rendant la défense du dirigeant difficile si celui-ci ne réagit pas rapidement.
Radiation d’entreprise : Peut-elle toujours exercer son activité ?
Cette infographie interactive compare radiation volontaire et radiation d’office afin de mieux comprendre leurs déclenchements, procédures et conséquences.
Critère | Radiation volontaire | Radiation d’office |
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Radiation d’une entreprise : que risque-t-on à poursuivre une activité après suppression ?
Conséquences juridiques : interdiction d’exercer et suppression du SIREN/SIRET
Exercer une activité alors que l’entreprise est radiée constitue une infraction légale. En effet, la radiation entraine la suppression du numéro d’immatriculation (SIREN/SIRET), indispensable pour fonctionner légalement dans le cadre du droit commercial. Sans cette immatriculation, l’entreprise n’a plus de reconnaissance administrative.
Le chef d’entreprise encourt alors :
L’interdiction formelle d’exercer toute activité commerciale
L’annulation des contrats conclus postérieurement à la radiation
La mise en cause de sa responsabilité personnelle pour paiement des dettes impayées ou violation des règles
La révocation des autorisations ou agréments liés au statut juridique de la société
Quels risques pénaux et financiers pour un dirigeant qui continue d’exploiter après radiation ?
Outre les risques civils, le maintien d’une activité après radiation expose à des sanctions pénales sévères. Le dirigeant peut être sanctionné par :
Des amendes importantes pour exercice illégal d’une activité
La mise en œuvre de poursuites judiciaires, notamment en cas de fraude ou dissimulation
Des procédures de redressement ou liquidation judiciaire engagées avec aggravation de la situation liée aux dettes
Une responsabilité personnelle, notamment si des créanciers subissent un préjudice du fait du non-respect de la radiation
Un exemple concret est celui d’un auto-entrepreneur radié suite à l’absence de déclaration pendant 24 mois, qui a néanmoins continué à facturer des clients. Il a été condamné à restituer les sommes encaissées et à payer une amende pénale, tout en devant assumer les dettes sociales non réglées au titre de son activité illégale.
Exceptions légales : cas très limités où une entreprise radiée peut poursuivre une activité
Dans certaines circonstances très précises, une entreprise radiée peut continuer certaines actions :
Poursuite des activités de liquidation ordonnée par la justice afin d’apurer les actifs et dettes
Exercice transitoire en cas de recours contre la décision de radiation dans un délai de 15 jours après notification
Maintien temporaire si la radiation se révèle frauduleuse ou contestée pour vice de procédure
Ces cas demeurent strictement encadrés et exigent une vigilance accrue du dirigeant qui doit impérativement se conformer aux exigences du greffe et du tribunal. Tout dépassement de ces limites est susceptible d’entrainer des sanctions.
Réactivation d’entreprise radiée, solutions légales et alternatives pour continuer une activité
Peut-on réactiver une entreprise radiée ? Procédure, délais et conditions
Une procédure de réactivation est prévue pour les entreprises radiées, mais sous des conditions très restrictives. Le dirigeant ou les associés disposent d’un délai de 6 mois à compter de la date de radiation pour entamer une demande de réintégration de l’entreprise au registre.
Pour ce faire, ils doivent :
Déposer au greffe une demande de rapport de radiation accompagnée d’un dossier complet justifiant des irrégularités ou d’un motif légitime (ex : erreur administrative)
Remplir un formulaire M2 attestant de la volonté de réactivation de l’immatriculation
Régulariser toutes les obligations en suspens (paiement des dettes, production des documents comptables)
Attendre la validation par le tribunal de commerce si nécessaire, en fonction du motif
Si ce délai est dépassé, la réactivation est impossible, et la seule option reste la création d’une nouvelle entreprise avec une immatriculation distincte.
Alternatives pour poursuivre une activité : nouvelle immatriculation, changement de statut, recours à l’auto-entreprise
Au-delà des possibilités de réactivation, plusieurs solutions légales permettent de reprendre ou poursuivre une activité :
Procéder à une nouvelle immatriculation sous une autre forme sociale, ce qui implique la création d’une nouvelle société avec un nouveau statut juridique et de nouveaux statuts
Opter pour un changement de statut via une transformation ou succession d’entreprise, notamment par rachat d’entreprise existante
Adopter le régime simplifié de micro-entrepreneur ou auto-entrepreneur pour une activité individuelle avec des obligations allégées, à condition de respecter les plafonds de chiffre d’affaires
Le rôle d’un expert-comptable ou d’un avocat devient alors crucial pour accompagner ces démarches complexes et assurer une conformité complète des nouveaux actes administratifs. Ces alternatives permettent de redémarrer une activité tout en évitant les erreurs passées et les risques associés à une exploitation illégale.
Option | Conditions | Avantages | Inconvénients | Réactivation | Délai 6 mois | Maintien numéros originaux | Nouveau dossier | Nouvelle immatriculation | Nouveau statut | Possible rachat d’entreprise | Micro-entrepreneur | Plafonds CA | Simplification |
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Comment savoir si une entreprise est radiée ?
Plusieurs sources permettent de vérifier la situation juridique d’une entreprise :
Extrait Kbis disponible auprès d’Infogreffe, qui mentionne explicitement la radiation
Consultation directe des bases du Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) ou du Registre National des Entreprises (RNE)
Recherches sur les sites officiels tels que l’INPI ou des plateformes spécialisées
Publication des annonces légales dans des journaux habilités pour informer les tiers
La transparence vis-à-vis des clients, fournisseurs ou partenaires est également essentielle pour éviter tout litige commercial. Une entreprise radiée doit notifier ses tiers de cette situation afin de prévenir toute ambiguïté sur sa capacité à agir.
Conséquences pour les employés et les créanciers
La radiation entraîne la fermeture définitive de la société, ce qui impacte directement les salariés qui perdent leur emploi. Les obligations de paiement liées aux indemnités ou au chômage doivent être réglées lors de la liquidation. Pour les créanciers, la société reste toutefois responsable des dettes contractées avant la radiation.
En pratique :
La liquidation doit permettre le paiement des dettes sociales et fiscales
Les dirigeants peuvent être tenus personnellement responsables si les dettes ne sont pas honorées, surtout en cas de faute de gestion
Les créanciers peuvent exercer des poursuites sur les actifs restants même après radiation
Partie concernée | Conséquences en cas de radiation | Mesures possibles |
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Salariés | Perte de l’emploi, rupture des contrats de travail | Indemnités de licenciement, recours aux pouvoirs publics |
Créanciers | Risques de non-paiement des dettes | Recouvrement judiciaire, garanties personnelles du dirigeant |
Dirigeants | Responsabilité civile et pénale en cas d’exploitations illégales | Consultation juridique, dépôt de bilan, réactivation dans délais |
Radiation d’entreprise : Peut-elle toujours exercer son activité ?
Quels sont les délais pour réactiver une entreprise radiée ?
La réactivation doit s’effectuer dans un délai strict de six mois. Passé ce délai, l’entreprise est définitivement supprimée du registre.
Quels risques encourt un dirigeant qui continue son activité après radiation ?
Il s’expose à des sanctions pénales, des amendes et à une responsabilité personnelle sur ses biens. L’exercice illégal d’une activité constitue une infraction grave.
Une micro-entreprise radiée peut-elle redevenir opérationnelle ?
La réactivation n’est pas possible pour un micro-entrepreneur radié ; il doit procéder à une nouvelle inscription via la plateforme dédiée.
Existe-t-il des exceptions permettant de poursuivre l’activité après radiation ?
Oui, mais seulement dans le cadre d’une liquidation judiciaire ou d’un recours judiciaire dans un délai court.